"ACORE IN BOBOCHE"

 

Au théâtre de Louis Richard, à Roubaix, à la fin du XIXe siècle, le spectacle se terminait par une petite pièce comique : le "boboche". Très attendu, on y retrouvait un petit monde de personnages populaires qui s'exprimaient "comme tertous, in pato", en picard local. Morveux Courtelapette dit P'tit Morveux en était le héros incontesté dans lequel les jeunes ouvriers, qui constituaient l'essentiel du public, se reconnaissaient. Un siècle plus tard, Morveux est toujours vivant, moqueur, gouailleur, capable de prendre à parti un spectateur, de faire rire son public de l'actualité. Personnage de bois centenaire, il est plus jeune et vivant que quiconque : il ne parle pas la langue de bois ! Le spectacle s'adapte à des lieux de toute nature et peut-être joué en continu ou en plusieurs séquences. Il s'intègre parfaitement bien à l'ambiance d'un repas animé. Avec des textes de Léopold Simons, Charles Bodart-Timal, Léopold Richard et deux petites pièces : "L'poulet al'Diape" et "L'placard à Fidéline".

"IN LEU DINS IN LIFE"

Sur la scène où le conteur a oublié toutes ses histoires, un immense livre relié va s'ouvrir. "In Leu dins in Life" voilà le titre... et le leu Robin est bien là ! Il y devise in picar (in "chtimi, in "pato", in "rouchi", si vraimin te préfères !). Le conteur-marionnettiste tourne les pages et mène le jeu. Le loup, dans sa langue, reste dans son statut d'étranger mal aimé. Sa langue n'a pas besoin d'être francisée : les autres personnages le comprennent, lui répondent et traduisent les mots picards inconnus. A la campagne, où l'on rit de lui comme dans les contes populaires, à la ville où il fait d'étranges rencontres (de vrais loups des Abruzzes deviennent S.D.F. dans les banlieues de Rome !), Robin le loup découvre le monde avant de partir pour le Grand Nord, chez les Inuits où le loup est respecté, presque un dieu. "En ces temps là les mots étaient magie..." dit la légende eskimo et l'on découvrira que le livre, lui aussi, peut être magique. Les jeunes enfants qui ne lisent pas encore apprendront à l'aimer et à le respecter. Le loup et le livre deviendront leurs amis. A la queue leu-leu, Robin emmènera, au final, ses jeunes spectateurs derrière lui, même s'il faut corriger le français qui n'a pas compris le possessif picard "A la queue le leu " c'est-à-dire "A la queue du loup" !

 

"OURSON ET VALENTIN"

Sur un thème inspiré de la Bibliothèque Bleue et de la littérature de colportage, les anciens montreurs de marionnettes des quartiers ouvriers de la région lilloise ont, au XIXe siècle, proposé une pièce alliant l'histoire (surtout chez Louis Richard) et le merveilleux (géants, dragons, tête d'airain ou d'aron parlant, enchanteresses… ). La pièce jouée en français avec un grand sérieux (pour un public essentiellement adulte) était présentée, commentée, farcie de mots satiriques et comiques grâce à Jacques, valet de comédie s'exprimant en langue picarde souvent ancienne (plutôt qu'en "patois" ou "chtimi" contemporain). Les retrouvailles des deux frères, Valentin élevé par un roi, Ourson élevé par les ours (et dont il faudra "délier la langue"), permettront aussi de délier celle des jeunes spectateurs. En français… ou en picard ! Jacques viendra en effet apprendre ses mots et "sin parlache", donner le goût du jeu linguistique, un jeu drôle et intelligent. Un conte initiatique pour le jeune public : animaux et personnages merveilleux peuvent venir enrichir une approche de ces thèmes. La découverte et l'apprentissage d'une langue, le picard.